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La fête du travail

La fête du travail

Vu qu'aujourd'hui, c'est la fête du travail, et que par incidence, je me refuse de faire quoi que ce soit qui se rapproche de près ou de loin de l'idée même du boulot, j'ai décidé de vous présenter une décision de justice qui est tombée aujourd'hui même...

Le "travail" est un concept qui a un casier judiciaire bien lourd...

 

 

Cass. ass. plén., 1 mai 2017, pourvoi n° 178-11.923, Bull. 2017, A.P., n° 13, p. 16 :

 

 
Concernant la question de la "fête du travail".
 

SUR LE MOYEN UNIQUE :

- Attendu que, dans la langue française, le mot "travail" vient du latin "trepalium", et que, malgré le fait que ce mot semble désigner un lieu prestigieux comme le Coliseum ou autre, il est, en réalité, le nom qui était donné à un instrument de torture...
(La Cour s'interroge d'ailleurs : dit-on "instrument" de torture parce qu'une fois actionné, la victime se met à produire des notes qu'elle n'avait, jusqu'ici, jamais émises ? La Cour s´excuse pour cette digression).
L'engin était donc constitué de trois pieux qui se traversaient en leur milieu, auxquels on attachait les animaux pour les ferrer et les soigner... Bien entendu, si l'utilisation du "trepalium" ne se résumait qu'à cela, la Cour n'y verrait rien à redire. Sauf qu'on y attachait aussi des hommes, mais eux... c'était pour les torturer...
Ils étaient suspendus, tels l'ancien logo de Manpower - logo largement inspiré du non moins célèbre dessin de Léonard de Vinci "l’Homme de Vitruve" - mais, dans le cas qui préoccupe la Cour, il s'agit d'une version sadique... Car ils y étaient châtiés...
(La Cour retient tout de même qu'une agence d'intérim utilisait un logo qui fait penser à la position des victimes du "trepalium"... La Cour n'exclue pas la possibilité de monter un dossier concernant ce cas spécifique).

- Attendu que, certains ne reconnaissent pas cette étymologie du mot "travail", la Cour a été consulter les écrits des lexicographes et a répertorié d'autres mots.

  • "Labeur", par exemple, avec l'expression "une vie de labeur" qui signifie avoir passé une vie à travailler péniblement. D'ailleurs, il est souvent dit "de dur labeur", même si c'est un pléonasme..
  • Il existe aussi le mot "besogne"... qui signifie "travail imposé à quelqu'un par sa tâche"... La Cour retient dans cette définition le mot "imposé"...
  • "Emploi", qui signifie en substance, "faire usage de, utiliser".
  • Même le verbe argotique "bosser" suggère que l'on forme une bosse (justement) en se courbant à la tâche.
  • Le mot "boulot" signifie courtaud, trapu, râblé, vigoureux... un peu comme le mot "bosser", finalement...
  • L'adage populaire précise que "toute peine mérite salaire" et la Cour estime que le mot "peine" est très bien choisi, et signifie un effort qui coûte, ou une sanction, une punition.

Après s'est évertuée à trouver une définition à caractère positif du "travail", la Cour s'est résolue au fait que c'est "peine" perdue... La Cour conclue de ses recherches que le mot "travail" et ses synonymes sont strictement à connotation négative, c'est pourquoi Elle statue en faveur de l'étymologie du mot travail : "trepalium". Car s'il s'avère (et c'est à prouver) qu'effectivement le mot "travail" ne vient pas du latin "trepalium", le sens même n'en est pas très éloigné et tous les synonymes font, eux aussi, référence à de la souffrance ou de la haute pénibilité.
La Cour reconnait donc, de fait, que 35 heures de torture légale sont imposées au travailleur.
Que c'est même une torture pour laquelle la population met son réveil et pose sa candidature dans un établissement "joliment" baptisé "Pôle emploi" en espérant subir le châtiment le moins douloureux possible.

Toutefois, la Cour reconnaît qu'elle exagère et qu'il ne s'agit plus vraiment de torture au sens où on l'entend, mais...

- Attendu que 1.470 heures par an et par personne, en moyenne, sont sacrifiées à travailler. Que si nous ajoutons à cette donnée, le fait que, en moyenne toujours, nous dédions 35 ans de nos vies à travailler... Cela nous amène à 51.450 heures de travail par an et par personne ! C'est énorme, surtout quand la Cour apprend que près de 80% des actifs n'aiment pas leur travail, ne s'y sentent pas accomplis, pas utiles...
Sans compter la nouvelle tendance qui consiste à répondre à des coup de fils, SMS et emails professionnels en dehors des heures de travail !
Sans compter, non plus, les discussions incessantes au sujet de nos relations avec nos collègues, ou de nos difficultés avec un dossier difficile, ou encore de notre angoisse face à une pression au boulot, etc. Si bien que même les "after-works" ont pour sujet principal... le travail.
Tout cela mis bout à bout représente un taux exagérément important d'heures que l'on consacre à notre activité professionnelle. Et c'est autant de temps qui n'est pas appliqué au développement personnel... Quelle perte énorme !

- Attendu que le travailleur - la Cour vient de le démontrer - n'a plus tellement d'heures à consacrer à sa propre personne, le nouveau mal dont il est atteint est psychologique plutôt que physique. Ces récents troubles donnent lieu à la création de termes anglicisés et pas très jolis, mais assez parlants, que les psychologues inventent au fur et à mesure.
La Cour en a listé une petite panoplie maintenant... Nous avons donc :

  • le "burn-out" (syndrome d'épuisement professionnel) ;
  • le "bore-out" (l'ennui au travail) ;
  • le "Workaholism" (addiction au travail) ;
  • le "brown-out" (le fait de ne plus trouver de sens dans son travail)

...et il semble que la liste s'allonge d'année en année...

Ces troubles, pourtant vérifiés et dommageables pour le travailleur, ne sont pas encore reconnus comme maladies du travail...
La Cour peut rajouter à la liste du mal-être du travailleur les cas, déjà connus, mais en constante augmentation, de harcèlements (moraux, sexuels, discriminatoires), les cas d'esclavage moderne, et, en bout de chaînes les cas de suicides ! (Oui, "en bout de chaînes" avec un "S" à "chaînes", car la Cour parle bien d'esclavage).
Il y a même des syndromes qui ont un nom de société... En fait, pour le moment, il n'y en a qu'un en France... C'est le "syndrome France Télécom"... Celui qui concerne les suicides.

La Cour parle des troubles psychologiques, mais Elle n'oublie pas les travailleurs qui ont respiré ces charmantes fibres de minéraux appelées amiante, ni ceux qui ont des troubles musculo-squelettiques, ou encore une vue ou une ouïe qui se dégradent de façon alarmante, ou d'autres maladies que la Cour qualifie de "physiques".
Ce sont des maux qui sont dû à un travail répétitif, aux forces exercées sur le corps, aux manutentions, aux vibrations, aux postures contraignantes, etc. Tout ceci étant appuyé par le fait que la demande constante d'accroissement des rendements, s'accompagne d'une augmentation des contraintes de rythme, d'un renforcement des contrôles, et de marges de manœuvre qui diminuent.

La Cour reconnaît que, malgré toutes ces sévices psychologiques et physiques, le travail n'est plus de l'esclavage au sens strict du terme, parce que l'employé est payé (enfin, en théorie), mais...

- Attendu que les salaires sont tout juste bons à permettre de donner du mou à la laisse de la population. Que les prix ne cessent d'augmenter, mais ne sont pas suivis par une montée des salaires.

- Attendu que la retraite s'apparente plus à un mirage qu'à une réalité pour les jeunes générations, et plus à de la survie qu'à de la vraie vie pour les actuels retraités. Que l'espoir d'obtenir des jours de repos bien mérités, après une vie de labeur est de plus en plus illusoire.
La Cour pense qu'il est très rare de voir un(e) retraité(e) réaliser tous ses rêves, alors qu'il/elle a enfin tout le temps dont il/elle a besoin... La Cour pense aussi que dans nos sociétés développées, cette situation est absolument honteuse. La retraite étant normalement la cerise sur le gâteau d'une vie passée à travailler, la cerise est maintenant bien gâtée.
Les personnes âgées devraient pouvoir enfin s'amuser ! Quand on sait que même les pièces mécaniques qui ont trop travaillé ont du jeu...
(Oui, la Cour s'est permis un jeu de mots lamentable, mais elle assume).

- Attendu que la notion de "fête" promet de l'amusement, de la musique, des rires, des bouteilles débouchées ou décapsulées, de la danse, un festin, des embrassades, des gâteaux, des cris de joie, des costumes (pourquoi pas ?), des cotillons (allons-y !), une "danse des canards" (incontournable !!), etc.
Que la fête est donc l'absolu contraire du travail pour la majorité de la population active !

- Attendu enfin que la Cour, elle-même, travaille beaucoup trop, avec des dossiers de plus en plus épais, que la quantité de stress face aux différentes affaires augmente de manière exponentielle, que Son cerveau n'a absolument aucune pause dans le travail, que les décisions qu'Elle prend sont à peine respectées, qu'Elle craint, Elle aussi, pour sa retraite, et qu'à ce moment précis, elle ne s'amuse pas...

 

PAR CES MOTIFS :

Casse et annule l'appellation : "fête du travail".

"Fête" et "travail" sont deux concepts diamétralement opposés ! Il n'est donc, en rien, raisonnable de fêter le travail. C'est au moins aussi contradictoire que de faire défiler l'armée le 14 juillet, alors que le peuple se révoltait contre le pouvoir, et donc... contre l'armée !
(La Cour prépare un dossier à ce sujet !).

La Cour ne demande pas que le travail soit banni, ni même qu'on y crie de joie, qu'on y danse ou encore qu'on y boive des ti'punchs à en finir raides et donc absolument inefficaces, mais qu'au moins on se sente bien pendant les 35 heures hebdomadaires passées au sein de son entreprise...
Et ainsi, avoir l'opportunité de ne plus se torturer le cerveau au terme des 8 heures journalières de labeur. Forcément, si on se sent bien sur son lieu de travail, inutile de se tracasser en rentrant chez soi.
(La Cour renvoie, au plus vite, cette décision au Tribunal compétent).

La Cour propose, au contraire, puisqu'elle n'est pas pour passer à côté de l'occasion de faire la fête, de fêter le jour du 1er mai uniquement parce qu'il est férié ! Ce que tout le monde fait, en effet, mais de bannir de son langage que le 1er mai est "la fête du travail". Célébrons plutôt la trêve que nous accordons à notre corps et à notre mental !

La Cour va en profiter pour s'occuper un peu d'Elle, elle va aussi tenter de ne plus penser au travail en dehors des heures, déjà nombreuses, qui lui sont dédiées.
La Cour se fait un devoir de garder à l'esprit que le travail est un outil, pas une finalité.
La Cour va commencer à écouter son corps et son esprit.
La Cour se donnera les moyens de vivre pleinement. Elle va consacrer son temps libre à être libérée du travail, à se découvrir des hobbies, des talents.
En résumé, la Cour va prendre pleinement conscience d'elle-même et ne plus se définir par son emploi, mais par sa propre personne, ce qu'elle réussit à accomplir avec plaisir et sourire.

La Cour vous souhaite à tous une excellente fête de la "relâche" !

 

 

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Même si j'ai pris énormément de largesses comparé à la rédaction d'une vraie décision de Cour de cassation, j'ai énormément peiné à écrire cet article !
Je sais que c'est vous demander un peu de travail, mais n'hésitez pas à commenter cet article, à liker et partager, merci !
Profitez bien de votre jour de congé !

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